Sur conseil d’une expat française rencontrée à l’auberge, nous prenons un petit déjeuner typique dans une roulotte à quelques mètres. On demande un peu de toutes les spécialités: de l’ackee et du poisson salé, considéré comme le plat national, des boulettes frites, du callaloo (un légume vert), du porridge de maïs ou de banane verte et des dumplings. Bon, pas le meilleur petit dej de ma vie 🥵 Afin de s’imprégner de l’histoire de la Jamaïque et notamment au temps de l’esclavage, nous allons visiter, un incontournable, une maison de plantation. Érigée dans les années 1770, la Rose Hall Great House surplombe la mer des Caraïbes depuis une colline verdoyante. Elle fut l’une des plus prestigieuses demeures coloniales de l’île, cœur battant d’une vaste plantation de canne à sucre. Construite dans le style géorgien, elle appartenait à John Palmer, un riche planteur anglais. Mais ce n’est pas l’architecture grandiose ni les vues à couper le souffle qui ont forgé sa légende… C’est la Dame Blanche de Rose Hall. Selon la tradition orale jamaïcaine, Annie Palmer, aussi surnommée la Sorcière Blanche, est l’âme sombre qui hante les couloirs de la Rose Hall. Née en Haïti d’une mère anglaise et d’un père irlandais, Annie aurait grandi au contact du vaudou haïtien, qu’elle aurait appris d’une nourrice créole. Orpheline, elle se rendit en Jamaïque à l’âge adulte et épousa John Palmer, héritier de Rose Hall. Mais très vite, le manoir devint le théâtre de morts brutales et mystérieuses. Les Trois Maris d’Annie furent tous tués dans des circonstances douteuses : l’un empoisonné, un autre poignardé dans son sommeil et le dernier étranglé avec un foulard de soie. La rumeur raconte qu’elle aurait aussi torturé et tué plusieurs esclaves — surtout les jeunes hommes dont elle faisait ses amants temporaires. Ceux qui refusaient ses avances étaient condamnés à une mort atroce. Annie Palmer régna sur la plantation dans la terreur jusqu’à ce qu’un amant jaloux — ou un esclave rebelle, selon les versions — ne la tue dans son lit. On dit qu’elle fut enterrée sur les terres de Rose Hall dans un rituel vaudou inachevé, scellant ainsi son âme dans la maison. Depuis lors, les récits d’apparitions, de gémissements nocturnes, de portes qui claquent et de silhouettes blanches errant dans la nuit nourrissent sa légende. Restaurée dans les années 1960, la Rose Hall Great House est aujourd’hui un musée et un site touristique. Visite vraiment incroyable dans des decors somptueux. Nous continuons sur notre lancée et visitons une autre de ces magnifique maison de plantation. Construite vers 1790, la Greenwood Great House fut la demeure de la famille Barrett, l’une des dynasties les plus influentes de Jamaïque à l’époque coloniale. Les Barrett possédaient plus de 80 plantations, et leur richesse provenait en grande partie de la culture de la canne à sucre — et, tristement, de l’exploitation de milliers d’esclaves. L’un des membres les plus célèbres de cette lignée était Elizabeth Barrett Browning, la grande poétesse anglaise du XIXe siècle, dont les racines familiales plongent dans cette terre jamaïcaine. À la différence de nombreuses grandes maisons de plantation détruites ou restaurées à outrance, Greenwood a traversé les siècles quasiment intacte. Elle est aujourd’hui reconnue comme la maison coloniale la mieux conservée de Jamaïque. On y découvre du mobilier d’époque authentique (acajou jamaïcain, porcelaine fine, objets du quotidien), une bibliothèque rare contenant des ouvrages du XVIIIe siècle et surtout une collection exceptionnelle d’instruments de musique anciens — pianoforte, orgues, boîtes à musique suisses…qui fascinent littéralement Patrick. On entre à Greenwood comme dans un musée vivant, mais sans vitrine. La maison surplombe la mer des Caraïbes, et sa terrasse offre une vue saisissante. Loin des foules et des légendes gothiques, Greenwood respire la sérénité, le raffinement — et un passé chargé, certes, mais moins théâtral que celui de Rose Hall.
En fin de journée, nous nous rendons au Pier 1 pour un repas vue sur mer avec en prime notre premier coucher de soleil.

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