Nous quittons l’île d’Ometepe pour nous rendre à Granada. Son aspect colonial assez criant est la preuve même de son histoire, c’est la ville la plus ancienne de la région. C’est un incontournable! L’architecture coloniale de son vieux centre, ses musées, ses galeries, ses parcs, ses hôtels et restaurants, et ses bars assurent une ambiance cosmopolite et un charme particulier et unique à la ville. En levant les yeux, on tombe nez à nez avec le Mombacho, volcan surveillant de haut la ville de Granada, que l’on compte bien gravir demain.
Arrivés vers midi, les températures dépassent les 35 degrés. Nous déposons les sacs et partons nous perdre dans les rues de Granada afin d’admirer toutes ses maisons coloniales colorées. Nous passons devant la cathédrale de Granada, de style néoclassique, elle est située sur le parc central de Granada et après avoir été érigée en 1583, elle a été détruite et reconstruite à plusieurs reprises. Puis nous empruntons la rue piétonne « Calle la calzada». Nous y trouvons un patio dans une des magnifique demeure transformée en hôtel « hôtel Dario » pour un petit jus de melon et un gâteau au chocolat, pays du cacao obligé!!! Nous continuons ensuite jusqu’au Malecon, qui longe la plage et la lagune du lac Nicaragua. De retour en plein centre, petit resto avec nourriture typique, Le vigorón, un plat à base de manioc cuit, de couennes de porc, de chou, de tomate, de betterave, de carotte, de concombre et de vinaigre.

Pour l’histoire complète, Granada, appelée La Grande Sultane, a été fondée en 1524 par l’espagnol Francisco Hernandez de Cordóbas. La ville a été construite pour devenir un centre et une cité centrale de la région. Elle est une des plus anciennes villes coloniales du Nicaragua avec Léon et l’une des plus anciennes villes du continent américain. La cité de Granada a été nommé ainsi en hommage à la cité espagnole et appartenant alors au grand royaume catholique ibérique. Pas simplement une conquête ou une colonie espagnole, Granada était belle et bien inscrite dans les registres espagnols officiels, ceux de la couronne d’Aragon et de Castille, en Espagne! Historiquement, Granada est la “soeur” de Antigua au Guatemala. À l’époque, la ville était d’un dynamisme remarquable avec un commerce très florissant grâce aux ouvertures que Granada offre vers l’océan, via le lac. Prospérité et intégration avec la communauté indigène étaient les adjectifs décrivant cette colonie espagnole. Tout cela sans compter sur les nombreuses péripéties de l’histoire qui a suivi. La prospérité de Granada a attiré les colons et conquistadores mais aussi les pirates et autres corsaires envoyés par les couronnes européennes concurrentes. Il était aisé pour eux, via l’accès au fleuve San Juan, côté Caraïbes, de remonter tranquillement le rio et de débarquer pour se frotter aux premiers fortins protégeant l’accès à la grande sultane, Granada. Et comment ne pas évoquer l’histoire de ce flibustier gringo, Walker, qui poursuivait un rêve fou d’unifier l’amérique centrale et d’en faire son propre fief. Incroyable! William Walker était stationné régulièrement à Granada. A l’époque, après l’indépendance de 1821, en 1856 plus précisément, la ville était un cimetière ouvert. Les grandes maladies importées par les voyageurs avaient eu raison de la communauté métissée et des restes de la colonie espagnole. Le flibustier illuminé ordonna l’abandon de la cité et sa destruction! Des mercenaires et autres hors la loi furent envoyés sur le terrain. La moitié de Granada partit sous les flammes, les habitants fuyant vers Ometepe, entre autre. Les incendiaires avaient gravé les mots “here was Granada” sur les dernières pierres fumantes de la cité. Et pourtant, Granada est et restera la Grande Sultane, se bagarrant avec sa voisine León pour le poste de Capitale du pays. Les conservateurs la préféraient alors que les libéraux étaient plus au nord, à León. C’est finalement en 1858 que leur sort respectif a été décidé, ce sera Managua la capitale! Et cela mettra fin aux querelles entre les deux villes coloniales. Cela n’a pas empêché Granada d’être la scène d’affrontement pendant les conflits que le Nicaragua a traversé pendant la seconde moitié du 20ème siècle même si elle a été relativement épargné lors de la révolution sandiniste des années 70/80. 

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