Nous prenons le temps ce matin de nous poser en terrasse sur la place pour prendre un petit déjeuner typique. Puis on repart pour la visite de la ville qui prend une toute autre tournure sous le soleil éclatant et le ciel bleu. Arrivés au mercado central, nous prenons un bus colectivo direction San Juan chamula pour visiter l’église saint Jean-Baptiste qui fut érigée par les Espagnols au XVIe siècle, dans la foulée de la conquête et de l’évangélisation des peuples mayas. Mais ici, les peuples autochtones ne se sont jamais laissés complètement submerger. Le bâtiment est catholique dans son architecture. Mais l’âme du lieu, elle, est entièrement tsotsil : la cosmovision indigène n’a jamais cédé face à la religion imposée, elle l’a absorbée, digérée, remodelée à son image. Le catholicisme n’a donc pas supplanté les rites préhispaniques, il a été fusionné à eux. Les saints catholiques sont devenus des esprits protecteurs, et les rituels se sont transformés en un théâtre sacré où le feu, les offrandes, les chants et les fumées tissent une liturgie inédite.
De l’extérieur, l’Église de San Juan Chamula ressemble à toutes les églises mexicaines avec une façade colorée et une architecture très simple. On paie le droit d’entrée et le vendeur de tickets nous met directement en garde : il est interdit de prendre des photos ou des vidéos. Dès que l’on pénètre dans cette église, une sensation presque chamanique s’impose. Pas de bancs. Pas de messe en latin. Pas de prêtres. À la place, le sol est tapissé d’aiguilles de pin fraîchement disposées — une offrande à la Terre Mère, des bougies multicolores sont allumées à même le sol, en grappes lumineuses, des familles entières prient à voix basse, souvent accompagnées de chamanes (h’iloles), des incantations sont murmurées en tsotsil, des œufs ou du coca sont utilisés pour les rituels de purification, et parfois, des poulets vivants sont sacrifiés pour chasser les mauvais esprits. Le tout se déroule dans une semi-pénombre, saturée de l’odeur du copal (résine sacrée que l’on brûle pour purifier l’air), tandis que les saints, drapés de tissus et de miroirs, te regardent depuis les autels latéraux. Jésus lui-même, ici, est un personnage secondaire ; le saint Jean-Baptiste règne en maître absolu. Vraiment une expérience surréaliste à vivre!!
De retour à San Cristobal, nous profitons d’un petit rooftop pour admirer le coucher de soleil. Je commande un petit mojito et on me ramène 1l de cocktail 🥵bien sûr pour le repas, c’est tacos qui remplacent le poulet-riz asiatique.

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